en 1953 à Alost, Belgique

Entrainement
1969 - 1973 | (Sier)Kunstambachten aan S.A.S.K.te Aalst
1973-1977 | Graveerkunsten aan K.A.S.K te Gent

Préface
Lors du premier contact avec l’univers pictural de Paul De Rijck, l’observateur se rend d’emblée compte que cet oeuvre est de caractère dominant. On se sent entraîné dans une trajectoire entre temps et espace, dans un environnement où les matières et les émotions deviennent indissociables. Les esprits passionnés par l’essence profonde des choses, ne se contenant pas de la réponse classique fournie par les institutions et systèmes traditionnels d’ordre religieux ou scientifique, découvriront un parcours inattendu, fait de surprises et de reconnaissances.
Dans l’oeuvre de Paul De Rijck, l’observateur se voit confronté d’une part à des questions, des rêves et des aspirations, et d’autrepart- voir même d’avantage- à des forces qui pénètrent l’esprit. De cette exubérante confrontation naît cependant un apaisement, qui est source d’amour et de bonheur.
Les tableaux de De Rijck traduisent cette forte attirance propre au philosophe- ét à l’artiste- qui sent en lui une nouvelle vision du monde, avant qu’elle ne se manifeste publiquement. Cette vision est mise en images par l’habilité technique de l’artisan-peintre, elle est façonnée en un langage imaginaire à première vue d’ aspect étrange. Langage étrange, parce qu’il risque de perturber l’observateur, qui se trouve en cette peinture confronté à son propre égo le plus profond. Une première réaction face à cette confrontation peut consister en une distanciation. En effet, il n’appartient pas à tous de pénétrer jusqu’à la profondeur secrète des choses. Celui qui persévère, découvre un monde fascinant, un monde en mutation offrant sans cesse de nouvelles perspectives.

La force de De Rijck s’exprime à travers un subtil équilibre sur cette frontière ou ligne d’ombre, qui sépare comme un sentier escarpé et tortueux "la vision" du "visionnaire". Dans cet univers étrange, les notions classiques telles que le passé, le futur, la réalité, la fiction,... ont perdu tout sens. L’oeuvre de Paul De Rijck ne se laisse pas facilement classer dans des cases; il exige réflexion de la part du passionné des grandes questions fondamentales comme pourqoi? où? d’où? vers où? quand?...qui préoccupent certes l’artiste, mais aussi le philosophe et le scientifique. Il est d’ailleurs incontestable que la science moderne, dans ces recherches quant à l’origine et l’aboutissement des concepts cosmiques, ne rejette nullement l’imaginaire de la création artistique comme pardigme éventuel. Force est de constater que les références à la cosmologie moderne sont fréquentes dans l’oeuvre de plusiers artistes contemporains. A ce titre, les "Aberrations Mystérieuses" pourraient bien s’ouvrir sur les réalités de demain.

En outre, l’observation de l’oeuvre de Paul De Rijck met également en évidence sa maîtrise de l’art de peindre. De Rijck possède la technique du plasticien, dont la valeur réside en un professionalisme poussé, lui permettant de transcrire ses sentiments et ses émotions artistiques en un langage pictural se référant aux maîtres anciens. En ces temps-ci, Paul De Rijck se présente comme un anachronisme heureux.

Figures, personnages et paysages dominent son oeuvre; mais il ne sent ni réels ni le résultat d’une observation directe. Ils constituent en réalité des réflexions, des expressions émotives, des champs de tensions internes. De Rijck aime les appeler ses "zones réservées" . Ces zones, il les peuple de son univers particulier, une réalité virtuelle aux dimensions multiples, où visions et réalité s’entrecroisent en de nombreux points. Les figures, et les personnages tout en étant doux et fragiles, dégagent cependant une puissance propre à tout ce qui est pur. Souvent ils baignent dans une mélancolie résultant soit de la certitude, soit de l’espérance; il revient au spectateur de le déterminé. L’oeuvre de Paul De Rijck est explicite, non fataliste et sûrement pas cynique: il nous conduit au contraire aussi bien à l’émotion qu’à la réflexion. 

-Rudi De Koker-


Lisez comment Bedet Simon, historienne d’art, décrit son oeuvre.

UNE POESIE MYSTERIEUSE ET SOLITAIRE

Quel élan pousse Paul De Rijck à peindre des êtres
et paysages si étranges?
Qui est-il :moraliste, alchimiste, visionnaire,
fantaisiste, mystique ou simplement un voyageur-
nomade traversant les temps?
Son oeuvre ne s’aligne pas sur l’évolution
dominante de l’art contemporain. Il suit
des paramètres totalement différents.
Le peintre semble être un enchanteur, un sorcier
même, avec ses oracles et ses prophéties,
ses persepctives célestes et diaboliques, et
l’impassible mais sublime beauté de ses personnages.

LA MELANCOLIE A FOND PERDU

Paul De Rijck trace ainsi sa propre ornière au travers du cheminement de l’art contemporain.
Il crée un anti-monde, dans un style allant du Moyen Age au Baroque en passant par
la Renaissance italienne, tout comme le défrichement minutieux ou
l’analyse méticuleuse des strates d’un site archéologique.
Il se sert d’une technique picturale de telles perfection et pureté,
et d’un tel souci du détail qu’elle s’apparente à celle des Primitifs flamands et
des peintres de la Renaissance.

L’univers peint de Paul De Rijck fait fonction de transit entre deux mondes physique et spirituel.
Il devient ce pays de nulle-part, où tout s’avère possible.
Le pressentiment de malheur ou de perte, renforcé par le malaise de fin de siècle, incite l’artiste à rechercher des solutions dans sa propre imagination.
Son art en devient aussi sensuel qu’imaginatif.
L’artiste envisage l’union de la réalité interne avec la réalité physique de la nature et ses êtres.
Il cherche l’union du corps et de l’âme, de la matière et de l’esprit.

L’existence et la non-existence sont à l’origine des rancoeurs et malaises.
La paramnésie crée l’angoisse, dont il y en a déjà trop dans le monde.
La peur, comme un facteur dominant, empêche le spectateur de chercher
des solutions dans l’art, afin de les appliquer à son propre vie.
Le monde n’est qu’un énorme chaos; et il l’a toujours été.
L’art transcendantal peut transformer la banalité terrestre en
une forme indéfiniée de spiritualité libératrice.
Le fantastique s’en prend à l’étroitesse de l’existence et
aux contraintes corporelles et spirituelles.
Il aiguise les sens et crée les indispensables nuances philosophiques.
L’art fantastique est à la fois anachronique et visionnaire.
Il éclaire et accentue les deux extrêmes de la vie;

le ciel et l’enfer,
le passé et l’avenir,
le bien et le mal,
la lumière et l’ombre...
et entre ces extrêmes il opère la réalité.
L’artiste nous exhorte et prévient que l’equilibre de notre existence est d’une extrème fragilité;
mais la source universelle réside en l’infini.
Il nous aide à vaincre la peur des imperfections et des limites de la vie, et à en percer le mal.
Il exprime son désagrément, mais annonce en même temps un revirement.
L’existence et la non-existence sont à l’origine des rancoeurs et malaises.
La paramnésie crée l’angoisse, dont il y en a déjà trop dans le monde.
La peur, comme un facteur dominant, empêche le spectateur de chercher
des solutions dans l’art, afin de les appliquer à son propre vie.
Le monde n’est qu’un énorme chaos; et il l’a toujours été.

L’art transcendantal peut transformer la banalité terrestre en une forme indéfiniée de spiritualité libératrice. Le fantastique s’en prend à l’étroitesse de l’existence et aux contraintes corporelles et spirituelles. Il aiguise les sens et crée les indispensables nuances philosophiques. L’art fantastique est à la fois anachronique et visionnaire. Il éclaire et accentue les deux extrêmes de la vie;
Les caractéristiques occultes et négatives de l’homme ("le mal") sont destructives: elles devront être intégrées dans le psychique,
afin de pouvoir servir de meilleurs desseins. Ainsi "anoblies", elles se muent en leurs propres contraires.

Les constructions illusionnistes de Paul De Rijck enchantent et fascinent. Il réanime le panthéisme, peuplé d’hallucination.
Il crée son monde particulier, où les formes indéfinissables de paysages, personnages et animaux, démons et fées, centaures et chimères s’entremêlent viscéralement et inextricablement. Tout a un double sens. Le temps s’arrête. Le destin devient totem et signal.

Les figures féminines sont les fées de désespoir.
Déesses de vie, androgynes ou bisexuées, yeux clos et immuables en communications figées.
Texturées en marbre, rose-rouge.
Impassibles et silencieuses.
Leur passivité implore l’action.
Leur nudité évoque les mystères. Nerfs et viscères sucent les essences de vie.
Le chaos de l’esprit s’échappe et s’enfuit de la terre. Elles cherchent une issue par l’échancrure du temps;
Elles s’évadent du temps; deviennent des nomades immobiles au delà des frontières.
Eschalogiques, elles sont les voyageuses du hors-temps.
Paradigmes ou paradoxes.

Le sentiment et la raison créent un champ magnétique entre l’euphorie et le désespoir, entre la domination et la soumission.
Malgré leur aspect parfois démoniaque et satanique, ses figures personnifient la poésie et
le sublime,et marient souvent le merveilleux et l’enchantement avec l’humour.
L’animal fabuleux incarne la prise de conscience des aspects humains et animaux de l’âme. "L’animal" lui, est aliéné de sa vraie nature. L’homme civilisé se doit de dominer les instincts animaliers en lui; il doit les guérir et en faire des alliés.
"L’homme" et "l’animal" peuplent des mondes invraisemblables. Leur existence figée se situe dans une zone crépusculaire, où l’inlassable combat entre lumière et ombre impose ses dictats. Le déferlement lumineux, provenant d’une source invisible derrière l’horizon, nourrit le champ d’ energies émotionnelles, et intensifie la dynamique visuelle. Malgré les pulsions qui sourdent et grouillent en ondes sousjacentes, l’ensemble de l’oeuvre se présente comme un monde silencieux, coagulé, éteint, où il n’y a plus de place pour l’homme.

Suis-je seul à ce point ?

- Bedet Simon -kunsthistorica-  
- Traduction: André De Houwer

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